Le Blog de Jean Pierre Rioual

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Ils sont venus de Bordeaux pour exiger ce rendez-vous de la mémoire

Rue Jules Masurier

célébrer Aimé Césaire, lutter contre les discriminations.

mercredi 31 janvier 2018, par Jean Pierre


J’avais écrit cet article il y a plus d’un an, la venue au Havre des militants de "DiversCité" vient de donner une force nouvelle à notre exigence que mémoire soit rendue. Mandela a ouvert le chemin de la mémoire humanisante nécessaire pour que ce soit le meilleur de l’homme qui triomphe en mettant fin à la violence

« Le vrai et le meilleur commerce » ?....

C’était le « commerce triangulaire », la traite des Noirs !

La disparition d’Aimé Césaire a permis de reparler de ces horribles négoces qui rapportaient tant. Ils ont cessé, il y moins de 150 ans !

Cela peut paraître une vieille histoire, mais en tout cas, ce qui parait d’une terrible actualité, c’est cette phrase d’un député du Havre :

« La traite sera continuée en employant une tournure pour dire positivement la chose sans prononcer le mot ».

—Ce "positivement "vous rappelle Raffarin ? La Droite a bien continué à tourner le sens des mots en leur contraire, les régressions sont devenues des réformes, etc …

---Le député en question s’appelle Jacques François Bégouen, négociant, armateur, —grand expert en commerce triangulaire évidemment ! Et nous sommes en 1794, au moment où la Convention Nationale décide l’abolition de l’esclavage ! ( Mais cette liberté ne durera que 6 ans, Napoléon 1er prendra la terrible décision de rendre de nouveau légal ce libre commerce en 1802 : il ne faut pas ruiner les profits des grands négociants dans un pays où commande le "libéralisme " )

Notons ce qu’ écrit Jean Legoy * :

« Ce sont les Noirs eux-mêmes qui vont faire avancer le problème » En effet, par l’insurrection en 1791, sur la principale colonie française : Saint- Domingue ( Haïti) où Toussaint Louverture va fonder un Etat Noir. Donc l’assemblée de Paris ne fait que , Jean Legoy le souligne « légaliser ce que les Noirs ont obtenu par la lutte »

Au Havre, on en parle très peu, pourtant notre port n’est pas mal classé. Nous avons eu ici de grands armateurs, de grands négociants qui en ont bien profité ! Certes Nantes est bon premier, mais nous sommes à quasi égalité avec les suivants : Bordeaux , et légèrement devant La Rochelle. ( Voir les chiffres ci-dessous)

A Nantes, et même à Bordeaux (en mai denier) on a tenu à se souvenir, ici, il semble qu’on ne se souvienne pas.

Par exemple, une rue honore Jules Masurier. C’est bien le même dont l’historien du Havre Jean Legoy rappelle les exploits « négriers » dans son livre « Hier, Le Havre, tome 1, page 221)

L’un de ses 29 navires s’appelle négrier s’appelle : « Le DON JUAN », imaginez-vous ! Nous sommes en 1860. Ce navire « transporte 850 Noirs. 243 meurent en route.607 sont débarqués à Cuba et vendus.

Mais depuis 1848, ce trafic est interdit. Mais tout le monde sait que le commerce triangulaire continue clandestinement aux yeux de tous. Certes on ne doit pas se faire prendre. Or l’affaire est découverte ! La parade existe et est bien connue elle aussi : on brûle le navire à La Havane. Eh bien voilà que notre armateur négociant demande des indemnités à son assureur pour se dédommager de ce bateau qu’il a fait brûler ! Mais voilà que l’assureur ne marche pas : il traîne en justice notre capitaliste humanitaire… Que va décider la justice ? Tout le monde est acquitté, négociant et capitaine ! Certes quand même Jules Masurier est contraint de démissionner de la Chambre de commerce du Havre ! Ce qui n’empêche nullement ce digne représentant du capitalisme de devenir maire du Havre 11 ans plus tard ( de 1873 à 1878). (En fait il est nommé maire par le préfet, car de 1871 à 1884, pour les villes de plus de 20 000 habitants, c’est le préfet qui désigne le maire.)

Au fait, puisque il arrive à notre municipalité de Droite de débaptiser des noms de rue, rappelez -vous l’affaire du cours du Chevalier de la Barre débaptisé en 2005 : il reste des rues du Havre qui pourraient changer de nom si on décidait de ne plus honorer la traite des Noirs ! On pourrait peut –être donner à la rue Masurier le nom d’Aimé Césaire par exemple ! Cela pourrait être l’occasion de manifester l’actualité de la lutte pour la reconnaissance des droits de tout citoyen de cette Terre, au moment où on traque et humilie tant de « sans papiers « 

Notons enfin, que tout pays des Droits de l’homme et chanteur de la Marseillaise que nous sommes, l’Angleterre interdit le commerce et le transport des esclaves , bien avant la France : en 1818 ! Et ses bateaux libéraient les esclaves des navires négriers français que sa flotte pouvait arraisonner ! Mais comme dit Jean Ferrat, c’est qu’alors la France de l’empereur, puis la France de la Restauration ont empêché notre France d’exprimer ses sentiments humains. Nous ne sommes pas plus responsables aujourd’hui de la chasse à l’homme que commande le pouvoir actuel !

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Voici quelques noms de nos grands négociants tourmenteurs d’esclaves :

Ferrant, Masurier, Eyriès, Ancel, Michel Delaroche, O’Reilly ,

Bégouen-Demeaux : 41 expéditions « négrières » légales. Les Feray ,38 ; —Beaufils :34 ;—Foache : 32

En tout en France :

Nantes : 1745 expéditions « négrières » Bordeaux : 455 ;— Le Havre : 454 ;— La Rochelle : 431 ;---

Cela pour les expéditions « légales »

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Pour ce qu’on sait des mêmes opérations clandestines, de 1848 à 1865

Nantes : 318 ;— Bordeaux : 62 ;— Le Havre :55,— Marseille : 23,— <<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<< * Jean-Legoy, son père accumulait les vieilles photos et les vieux documents, et lui accumula ses connaissances qu’il nous transmis par plusieurs livres précisant l’histoire de notre cité Le Havre

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