Le Blog de Jean Pierre Rioual

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... à quatre jours du vote...

..à quoi tient le succès des meetings de Mélenchon ?

..à quatre ruptures ?

mercredi 18 avril 2012, par Jean Pierre



- à quatre jours du vote, d’abord la joie, le bonheur donné, le bonheur partagé, quoi qu’il arrive nous ne l’oublierons pas. -

- Tenter de bien comprendre le pourquoi de cette bonne surprise, cela pourrait être bien utile pour continuer. Voyons ce que nous apporte la lecture des dernières lignes de cet article du Havre Libre ( vous l’avez en entier ici en 1)

« Pierre Laurent se refuse en tout cas à voir dans la personnalité de Mélenchon le principal vecteur de popularité du Front de gauche. « Ceux qui présentent ça ont tort. On retrouve cette même ferveur dans tous les meetings, même quand Jean-Luc n’est pas là. »(1).-

- Beaucoup d’amis m’ont dit qu’en réalité, si cela avait été Mélenchon, la salle Franklin du Havre ce 13 avril dernier, ce n’est pas près de six cents personnes qu’elle aurait rassemblé, il est bien probable que cela aurait été le double, voire le triple-

- N’éludons pas cette question : pourquoi ce phénomène Mélenchon ?-

- Comment ne pas voir ce mouvement de longue date nourri par les échecs. Depuis l’effort populaire pour s’emparer du NON à l’Europe du capital, en passant par le tous ensemble des marches contre le rallongement de l’âge d’arrivée en retraite.-

- Comment ne pas voir la conjonction de ce mouvement avec l’effort de Jean-Luc Mélenchon ?-

- On parle de son talent, mais comment ne pas voir la trame de qui est un effort : Mélenchon n’a pas seulement voulu être un tribun, il a voulu être un pédagogue. Loin du populisme qui flatte les faiblesses d’un peuple, il s’est voulu un champion d’éducation populaire. Pour quelles raisons une partie de la classe ouvrière avait glissé au penchant raciste, en tout cas, au lieu de nier ce fait, Mélenchon a guerroyé avec une audace, une force une conviction inouïe jusqu’ici chez les hommes politiques. -

-( Je me souviens du triste moment de ce bulldozer abattant une triste demeure d’immigrés, opération qui est apparue commandée au nom du communisme. Et n’avez –vous pas vu circuler tous ces jours ces mails qui rappelaient un discours de Georges Marchais de 1980 ( 2), avant que Pujadas le fit sur grand écran le 17 avril dernier. Je me rappelle l’opinion que je m’étais forgée dans ce cher parti communiste : qu’un bon Africain devait rester chez lui pour lutter DANS son pays, et que ceux qui partaient pour des rives plus prospères, avaient donc tort, et ne méritaient donc pas notre attention prioritaire. Ce vaste mouvement déambulatoire de l’humanité toujours recommencé depuis la sortie d’Afrique des premiers hommes, ce mouvement toujours observable au fil des siècles, ce mouvement de curiosité universelle, ce mouvement fondateur de l’humanité, cela sortait des cordes de notre « marxisme léninisme » d’alors ).-

- Revenons à nos moutons ( que nous ne voulons pas que les citoyens-nes soient) :-
- Mélenchon s’est permis une autre belle audace : rappeler que s’il y a « rôle historique » de la classe ouvrière, c’est au service de tous, et donc ne peut que faire face au danger principal qui fait que la vie telle que nous la connaissons sur la planète est désormais menacée. André Chassaigne avait aussi ouvert la voie quelques jours avant le choix du candidat du PC pour la présidentielle (3) . Avec quelle force Mélenchon a tourné le dos au populisme qui relègue au dernier rang ces questions bien éloignées apparemment du pain qu’on gagne.-

- A chacun de ces magnifiques meetings, nous nous trouvons devant un épisode nouveau de la dialectique du héros seul dialoguant avec les citoyennes et citoyens. De la liberté d’un seul à la liberté de tous. -

- Encore une fois, mesurons que les discours de Mélenchon ne peuvent porter que parce que le terrain a été préparé, et pas seulement par nos luttes, cela se dit souvent, mais aussi par l’utile et nécessaire réflexion causée par nos échecs, cela se dit moins.-

- Espérons que nous participons à une renaissance, à un moment d’un processus qui ira loin, jusqu’au bout, de rassemblement des forces capables d’affronter la domination des logiques capitalistes.-

- En observant ce mouvement crée par les meetings de rue de Mélenchon, nous voyons qu’il s’agit pour la gauche anticapitaliste d’une quadruple rupture : -

- au lieu du « contre le Pen, il n’y a rien à faire, qui a prévalu en fait, l’attaque frontale, qui va au fond d’un l’universalisme humain(4)-

- au lieu de la modération à l’égard de ce que l’on appelle la social -démocratie, l’attaque forte contre le risque avéré d’austérité de gauche (le pédalo reste en mémoire, et le " we are not dangerous" de Marseille est bien frappant également )-

- au lieu de la présentation séparée de chaque parti de la gauche de gauche, un rassemblement qui reconnaît la diversité comme une richesse, et les ennemis d’hier comme des alliés.-

- au lieu du "votez bien et tout ira, les hommes politiques auquel vous faites confiance feront le reste", l’appel à l’irruption citoyenne, montrant concrètement ensemble la rue comme le lieu de la bataille politique.

- Et au total ces quatre ruptures avec l’électoralisme révolu mettent désormais la gauche de combat contre le capitalisme en voie de devenir le pôle de toute la gauche, et approche de l’hégémonie la gauche construisant un autre avenir hors des logiques capitalistes et productivistes.-

- Parfois en observant quelques tracts, je crois qu’y apparaît trop peu que c’est la richesse de la diversité du courant transformateur qui fait force. Beaucoup de tracts restent bien traditionnels et bien en deçà à la fois de la bonne audace des discours de Mélenchon et de ce processus de rassemblement qui est relancé. Je me demande comment celles et ceux qui les lisent y retrouvent le souffle de l’insurrection citoyenne dont les discours lancent l’espoir.-

- La presse aux aguets n’a pas manqué de pointer le risque du retour du culte de la personnalité. Et les mots de l’article du Havre libre sont sur cette trace. C’est une sacrée histoire que nous avons tous à peaufiner encore. Ne venons nous pas de réentendre le terrible : « Un tel ne représente que lui-même (5) ». Quand un chef ou un parti est tout, chacun n’est rien. Je suis très sensible à ces philosophes qui démontrent que tous les secteurs de l’activité humaine sont traversés par les mêmes lois. Si l’avis d’une personne qui ne représente qu’elle même ne vaut rien, alors je crains qu’il faille en conclure que ces quelque peu solitaires en leur art ou en leur science : Galilée, Picasso, Pasteur, Einsten, Van Gogh, Victor Hugo, etc.. n’auraient jamais existé ! Et en toute conséquence de cette logique : personne n’existe qu’autant qu’il se conforme à un avis plus ou moins général ! Si l’on ne reconnaît pas le grand labeur de Mélenchon, non seulement on ne reconnaît pas son individualité, mais du coup, dans cette logique, on ne peut reconnaître aucune individualité ! C’est toute la liberté de chacun qui est mise en cause dans cette logique, qui parait pourtant d’abord soucieuse de reconnaître l’importance de chaque citoyen-ne. Méfions nous de cette pente : la sous-estimation de la liberté individuelle a été malheureusement une maladie persistante du courant révolutionnaire. - -

- Mais ce qui pose un peu problème selon moi, c’est que le cahier du programme partagé n’a pas bougé. N’est -ce pas en contradiction avec toute l’insurrection citoyenne ? Où est le résultat des assemblées citoyennes qui étaient invitées à le peaufiner, à l’approfondir ? Pas commode de passer de la contribution d’une union de partis qui fait front à la contribution de tous, de chacun-e. -

- La contradiction de Philippe Poutou et Nathalie Arthaud , c’est que pour combattre le capitalisme, il faut être ensemble, et ils s’exercent à la démonstration qu’ils sont tout seuls comme anticapitalistes, et même séparément. Quelle est la différence de message avec ce que dit Mélenchon ? Mais bravo à eux, car la diversité : c’est obligatoire et nécessaire. Cependant, on n’en est pas à entrer ou pas au gouvernement hollandréou.-

- ..à si peu de jours du moment d’ouvrir ces boîtes à surprises que sont les urnes, qui ont tant apporté souvent de mauvaises surprises, car cette élection n’est pas à l’abri des manipulations émotives, car cette sorte d’élection hautement médiatisées les attire, les fabrique en quelque sorte, se rendant hautement capable de mesurer le succès de la connerie attisée par le fumier de la crise.-

- C’est pourquoi je ne peux que comprendre Jean Salem, (le fils de Henri Alleg ) qui revient dans un livre sur cette connerie de vote, (5) et ajoute au fameux « élections piège à cons » de Jean-Paul Sartre Mais il a affirmé qu’il ira voter Mélenchon, à reculons, mais cela fera autant vote que le vote de celles et ceux qui iront avec au coeur la joie de la Bastille ou du Prado, ou de la porte de Versailles, etc…-

Jean-Pierre Rioual, le 18 avril 2012.

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- (1) Voici l’intégralité de l article du Havre libre -

Politique. Le secrétaire national du parti communiste français était en meeting hier soir (le 13 avril) à la salle Franklin. Cet après-midi, Pierre Laurent aura normalement rejoint Marseille, où l’attend le nouveau meeting « monstre » annoncé par Jean-Luc Mélenchon et ses partisans. Un rendez-vous crucial qui n’a pas empêché le secrétaire national du parti communiste français, mais aussi président du conseil national de campagne du Front de gauche, d’être présent au Havre hier soir comme tête d’affiche du meeting organisé à la salle Franklin. Il y partageait la tribune avec la conseillère régionale Michèle Hernis (Gauche Unitaire) et Catherine Picard, ancienne députée socialiste passée au Parti de Gauche. Auparavant, Pierre Laurent a rencontré les militants du comité de soutien à la candidature de Jean-Luc Mélenchon. À une semaine du premier tour, cette tournée des comités est « éprouvante, oui, mais c’est un plaisir de sentir cette dynamique populaire », confie le secrétaire national. « Nous avons déjà modifié la situation politique » Ce dernier a exhorté les militants de la région havraise à poursuivre les efforts individuels « qui feront la différence, plus que les grands meetings médiatiques ». Même si, de son propre aveu, l’immense rassemblement de la Bastille a constitué un basculement indéniable. « Cela nous a surpris, mais on ne sait jamais à quel moment va survenir l’événement déclencheur dans une campagne... » Fort de cette dynamique, « nous avons déjà modifié la situation politique », assure le communiste. Suffisamment pour commencer à tirer les premières leçons, sur la nécessité entre autres de « s’ouvrir à la diversité de la gauche française ». Pierre Laurent se refuse en tout cas à voir dans la personnalité de Mélenchon le principal vecteur de popularité du Front de gauche. « Ceux qui présentent ça ont tort. On retrouve cette même ferveur dans tous les meetings, même quand Jean-Luc n’est pas là. »-

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(2) Le 27 mars 1980 Georges Marchais déclara :-

- (Rappelons encore que Jean-Luc Mélenchon a pu déclaré face à Pujadas que Marie George Buffet et Pierre Laurent regrettaient aujourd’hui de tels propos )-
- « J’approuve le refus de Paul Mercieca de laisser s’accroître dans sa commune le nombre, déjà élevé, d’immigrés ; en raison de la présence en France de près de quatre millions et demi de travailleurs immigrés et de membre de leurs familles, la poursuite de l’immigration pose aujourd’hui de graves problèmes. Il faut les regarder en face et prendre rapidement les mesures indispensables. La cote d’alerte est atteinte […] C’est pourquoi nous disons : il faut arrêter l’immigration, sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage. Je précise bien : il faut stopper l’immigration officielle et clandestine. Il faut résoudre l’important problème posé dans la vie locale française par l’immigration. Se trouvent entassés dans ce qu’il faut bien appeler des ghettos, des travailleurs et des familles aux traditions, aux langues, aux façons de vivre différentes. Cela crée des tensions, et parfois des heurts entre immigrés des divers pays. Cela rend difficile leurs relations avec les Français. Quand la concentration devient très importante […] la crise du logement s’aggrave ; les HLM font cruellement défaut et de nombreuses familles immigrées, plongées dans la misère, deviennent insupportables pour les budgets des communes-

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- (3) « Pour une Terre Commune » d’André Chassaigne, édition Arcane 17 <<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<-
- (4) Je tiens compte ici du débat que ce mot a lancé sur la liste de discussion des communistes unitaires ( unitaires avec tous les anticapitalistes). Il faut débarrasser ce mot "universalisme" de ses oripeaux colonialistes, et bien reconnaître le droit pour chaque peuple, pour chaque culture, a sa pleine indépendance, et à sa pleine reconnaissance dans son apport à tous, sans aucune considération hiérarchique entre ces civilisations. <<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<-

- (5) Eva Joly à Mamers, le 18 janvier 2012-

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- 5) Elections piège à cons, que reste –t-il de la démocratie ? Jean Salem , Flammarion-

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