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... contre la spéculation qui affamait le peuple

le 16 juillet 1789 au Havre on a lutté pour baisser le prix du pain

mercredi 16 juillet 2008, par Jean Pierre


Le 16 juillet 1789 au Havre,

Encore un mot pour commémorer ce 14 juillet !

L’histoire ne s’est pas faite qu’à Paris : au Havre : le 16 juillet, il y a émeutes de la faim, délégation à l’Hôtel de ville pour obtenir une baisse sensible du prix du pain, qui vient de doubler en un an. Cette manifestation est victorieuse, les échevins baissent le prix du pain pour la « classe indigente », mais en contrepartie obtiennent le désarmement des citoyens qui s’étaient emparés la veille des armes de l’arsenal. Et …les meneurs seront jetés en prison pour 6 mois… -

  On peut voir ainsi comment les questions et les actions sociales et politiques se conjuguent déjà à cette époque, comment la représentation institutionnelle et l’action populaire se font face, et comment la répression ne manque pas d’intervenir ! -

 Si vous voulez en savoir davantage : voici une relation plus complète de ces évènements :

 16 juillet 1789, au matin, en notre bonne ville du Havre : Emotions, on dirait aujourd’hui manifestation, aux cris de « Donnez –nous du pain ! » Un magasin du gouvernement a été pillé à Ingouville, un autre au Perrey, ainsi que 2 moulins. Le prix du pain a doublé en un an, les indigents sont très nombreux, la moitié des enfants meurt avant dix ans. Pour essayer d’évaluer ce coût de ce pain qui est l’aliment de base alors : 6 sols et demi le kg de pain, alors qu’un portefaix gagne 3 sols à chaque voyage, et qu’un « journalier à l’épuisement » obtient 24 sols pour sa journée. Ça fait un sol 62 la baguette. Faut-il tenter de comparer ? Des études affirment que le pouvoir d’achat d’un sol en 1787 équivalait à celui d’un euro en 2005 !

Déjà 3 mois plus tôt, le 16 mars 1789, une pétition avait exigé que l’on ramène le prix du pain à 24 sols. Cette pétition avait été glissée sous la porte du lieutenant général du baillage ( qui s’appelait De Glier) La lettre indiquait « qu’ils étaient 400 ligués prêts à mettre le feu à son pavillon et à la ville ! »-

 Revenons à ce 16 juillet 1789 au Havre : un millier de manifestants se sont rassemblés : « Il nous faut du pain à 24 sols les 3 livres ! » et se dirigent vers l’ hôtel de ville (qui est l’ancien logis du Roi, c’est là que les « échevins » se réunissent. On entend : « A mort les accapareurs ! »-
 ( Le peuple était persuadé qu’il y avait une connivence entre les échevins, les négociants, et les accapareurs, certains n’étaient-ils pas en situation de jouer ces trois rôles ? Il fallait seulement pour cela acheter le blé –au moment où le prix était bas, le stocker, le cacher, et attendre la montée des prix pour le vendre avec le maximum de profits )-

 Les échevins , dans un premier temps, renvoient la délégation, ordonnent la répression et des arrestations ont lieu. Mais les manifestations ne s’apaisent pas. En fin de matinée les échevins décident de céder : une délégation de 12 citoyens est reçue ( On sait qu’elle fut conduite par le citoyen Jean-Marie Prévot).

 A l’issue de cette rencontre, au nom des échevins, Pierre Duval lit la délibération suivante : -

 « Le bureau a délibéré avec le procureur du roi sur les moyens d’apaiser l’effervescence manifestée ce jour parmi le peuple a fixé pour la classe indigente du peuple le pain demi-blanc sous le pied de 24 sols les 12 livres. Messieurs les boulangers seront remboursés par la ville. -
 Mais Monsieur le procureur du roi fait condition de la remise des armes dérobées à l’arsenal et que les troubles cessent. Le public est averti que ceux qui voudront profiter de la diminution accordée aujourd’hui… devront être porteurs d’un bon qui leur sera délivré aux bureaux à cet effet établis-le premier place du marché devant le prétoire, le second au grand hôtel de ville sur la place.
 »- …........

Dernière précision : Suite à leur rôle au cours de la manifestation du 16 juillet 1789, les marins Pierre Provot et Jean-Marie Prévost, le marbrier Pillat et Fréville furent arrêtés quelques jours plus tard et retenus en prison 6 mois !

( On retrouvera ces information historiques dans « le Peuple du Havre et son histoire de Jean Legoy, pages 211, 287 et suivantes )

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